...et autres rêves
Adoptez des abeilles sauvages et faites un geste pour la biodiversité !
Les abeilles sauvages sont les reines de la pollinisation. On sait aujourd’hui qu’elles fécondent près de 70% des plantes à fleurs, et sont indispensables à la production d’innombrables cultures agricoles. Ce service naturel, vital pour notre avenir, est menacé. Aidez les abeilles de votre jardin !
un halicte sur Knautia cliché L. Gilbaud dans https://info.pollinis.org/bulletin-printemps-2017/
A part l’abeille domestique et les bourdons, la plupart des abeilles sauvages sont invisibles pour les non-spécialistes.
Elles ne vivent pas en essaim ; elles ne produisent pas de miel en rayons ; elles n’ont pas de ruche… mais aménagent des sortes de nids dans le sol, dans les trous des murs, dans les tiges séchées et les brindilles creuses – voire même, dans une coquille d’escargot…
Autant dire qu’il faut avoir l’œil pour repérer l’évolution de leurs populations !
Et pourtant :
Ces abeilles sauvages, dont il existe plus de 900 espèces recensées en France – et plus de 20 000 espèces à travers le monde ! – assurent à elles seules la pollinisation et la reproduction de près de 80 % des plantes à fleurs et permettent la production et la qualité d’innombrables récoltes à travers le monde.
Les scientifiques pensent que ce service incalculable de pollinisation, offert depuis 140 millions d’années environ par les insectes pollinisateurs, est aujourd’hui menacé.
Une enquête menée par Jacobus Biesmeijer et William Kunin (université de Leeds, au Royaume-Uni) et une équipe de chercheurs britanniques, allemands et néerlandais a confirmé que la menace était sérieuse (1). En étudiant différentes zones en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, les scientifiques ont constaté que les abeilles sauvages paient le plus lourd tribut, avec une baisse de 52 % de leur diversité dans le premier cas et de 67 % dans le second, par rapport à la situation précédant les années 1980.
Les chercheurs ont constaté, après 1980, une chute de la diversité des abeilles dans 52% des zones étudiées au Royaume Unis, et dans 67% des zones étudiées aux Pays-Bas ! Et en parallèle, un fort déclin de la diversité des plantes pollinisées par ces abeilles.
Les scientifiques sont inquiets. L’étude suggère fortement que le déclin de quelques espèces peut déclencher une cascade d’extinctions locales parmi d’autres espèces associées.
Pour Bernard Vaissière, de l’INRA, qui étudie les abeilles sauvages et la pollinisation depuis 30 ans, les raisons de ce déclin observable un peu partout en Europe et à travers le monde, sont multiples. (2)
Pour les abeilles sauvages, il s’agit essentiellement d’une conséquence du remembrement et de la fragmentation des habitats naturels de ces abeilles ( Steffan-Dewenter et Tschantke 1999 ; Steffan-Dewenter et al. 2002). Et pour l’ensemble des espèces, c’est-à-dire pour les abeilles domestiques, les bourdons et les abeilles sauvages : il faut incriminer les changements de rotation – la réduction des surfaces de légumineuses fourragères par exemple – l’intensification des pratiques agricoles (Banaszak 1995), et les applications de plus en plus fréquentes et nocives de pesticides (Keven 1977 ; O’Toole, 1993).
Bernard Vaissière demande depuis plusieurs années déjà que les tests nécessaires pour obtenir l’homologation des pesticides au niveau européen soient adaptés aux abeilles et pollinisateurs sauvages.
Pollinis prépare une grande campagne de sensibilisation sur ce thème. Mais en attendant...
Pour aider toutes les abeilles – les centaines d’espèces d’abeilles solitaires, qui peuvent potentiellement peupler votre jardin, votre verger, votre potager ou vos champs, vous pouvez, vous à votre niveau,
1- Augmenter les sources de nectar et de pollen – plantez des fleurs natives, des herbes et des variétés traditionnelles. En les groupant (un mètre carré minimum), vous pourrez faire profiter les abeilles d’un véritable festin, et vous leur donnerez une bonne raison de rester dans les parages.
2- Ne stérilisez pas votre jardin : laissez un coin du jardin sauvage ; retardez le moment où vous allez tondre votre pelouse au printemps, pour leur laisser savourer les fleurs de trèfles, les boutons d’or, et toute les petites fleurs qui poussent en abondance d’un bout à l’autre du pays. La floraison des mauvaises herbes, avant l’ouverture des arbres fruitiers, est une précieuse source de nourriture pour elles ; ensemencez des fleurs sauvages.
3- Réduire ou éviter l’utilisation des pesticides (insecticides, herbicides et fongicides) autour des plantes en floraison.
Et donnez un toit aux abeilles solitaires « hors-sol » ! Proposez un habitat qui leur convienne pour les encourager à s’y installer et à y faire leur nid.
Les abeilles solitaires, de la famille des Megachilidae, cherchent des cavités hors-sol. Leurs nichoirs sont très basiques : il s’agit uniquement d’une série de tunnels, costauds, solides, parfaitement protégés pour résister à la pluie et aux changements de températures extrêmes.
Vous pouvez fabriquer vous-même votre abri, ou l’achetez directement sur Internet. Dans un cas comme dans l’autre, Pollinis vous conseille d’aller explorer le site www.abeillessauvages.com pour vous faire une idée. Pour réussir à maintenir une belle population d’abeilles sauvages dans votre jardin, il y a des détails à ne surtout pas négliger.